Overblog
Edit page Follow this blog Administration + Create my blog
Recherche Historique en Velin

Heyrieux en 1810, vu à travers le cadastre napoléonien

Heyrieux en 1810, vu à travers le cadastre napoléonien

Il y a 25 ans, je découvrais les plans du cadastre napoléonien pour la commune de Saint-Priest. Pris seuls, ces plans restent bien silencieux. Cependant, des registres annexes existent, contenant des informations précieuses susceptibles de répondre aux interrogations sur les parcelles représentées : toponymie, noms des propriétaires à l’époque de leur création, types de cultures, classes fiscales... Ces dernières données offrent même des indications sur la fertilité des terres et les pratiques agricoles en vigueur à l’époque.
L’objectif de ce projet était de relier ces informations et de les géolocaliser sur des cartes actuelles pour observer l’évolution de notre région sur près de deux siècles. Comme je l’expliquais au début de ce travail, il n’aurait pas été possible sans le logiciel libre QGIS©, qui permet d’associer des données à un dessin géoréférencé, ni sans l’aide de professionnels du domaine qui m’ont guidé et soutenu.
Il convient de rappeler que ce document relève avant tout d’une finalité fiscale et non foncière. Selon les communes, les dates d’arpentage et les particularités des différents arpenteurs ayant travaillé dans la région du Velin, certains éléments des registres varient.
Malgré plusieurs tentatives de numérisation personnelle infructueuses, j’ai dû attendre que les plans napoléoniens de l’Isère, en particulier ceux de l’arrondissement de Vienne, soient numérisés par les archives départementales de l’Isère. Cela a permis de poursuivre le travail initié sur les communes du Velin, devenues depuis rhodaniennes, vers celles situées dans l’Isère.
 

Heyrieux, un exemple concret.

 

Heyrieux est la première commune de L'Isère étudiée ici. Chef-lieu de canton, elle est située à la limite méridionale de la plaine du Velin. En 1810, ses frontières s’étendaient :
•    au nord, jusqu’à la commune de Grenay,
•    à l’ouest, jusqu’à Saint-Quentin-Fallavier,
•    au sud, jusqu’à Saint-Georges-d’Espéranche,
•    et à l’est, jusqu’à Valencin et Saint-Pierre-de-Chandieu.
 

L’arpentage de la commune s’est déroulé entre 1809 (date absente des plans) et 1811 (date inscrite dans le registre de l’état des sections). Ces travaux ont été réalisés vers la fin de la période napoléonienne.
Les plans sont en bon état et complets. Cependant, le registre conservé à la mairie présente des lacunes, ce qui a nécessité de recourir à la version déposée aux archives départementales pour compléter les informations manquantes. En revanche, les procès-verbaux initiaux du cadastre, comprenant des éléments tels que les rapports d’expertise, la fixation des limites communales, la création des sections, les tableaux comparatifs des anciennes et nouvelles mesures, les mercuriales des prix des grains sur les 10 années précédant l’établissement du cadastre, ainsi que la classification des terres selon leur qualité et rendement, n’ont pas encore été retrouvés.
Pour comparer les mesures anciennes et modernes, nous avons utilisé les travaux de Pierre Charbonnier.
 

Dans cette page, pour une question de commodité, ne seront traités ici que les questions de toponymie et d'occupation des sols. Pour l'évaluation fiscale et la distribution des propriétaires sont renvoyés à un prochain article.

Le document planimétrique
Le cadastre d’Heyrieux comprend :
•    une feuille avec le plan d’assemblage de toutes les sections, à l’échelle 1/20 000,
•    des sections détaillées, à l’échelle 1/2500 ou 1/1250, réparties comme suit : 
o    Section A : Rajas et Forêt d’Heyrieux (2 feuilles),
o    Section B : Grand Plantier (1 feuille),
o    Section C : Sur la Ville et Lavignon (1 feuille),
o    Section D : Luizet (2 feuilles),
o    Section E : La Thuillière (1 feuille),
o    Section F : Petit et Grand Chapulay (1 feuille),
o    Section G : Bourg (1 feuille, échelle 1/1250).
 

Plan d'assemblage

Plan d'assemblage

Les sections A et B ont été profondément modifiées par le remembrement agricole des années 1970-1980 et par la création d’un contournement routier autour du centre de la commune. Ces changements ont compliqué le géoréférencement des plans de ces zones.
En revanche, les autres sections n’ont présenté aucune difficulté majeure. Il est frappant de constater, grâce à la superposition des plans sur des photos aériennes récentes (Google Sat©), que la structure parcellaire de ces zones a très peu évolué en près de deux siècles.
 

Un travail de précision.
Pour permettre le géoréférencement, il a été nécessaire de détourer numériquement les plans. Certaines feuilles ont également dû être découpées en plusieurs morceaux pour obtenir la meilleure précision possible. Néanmoins, il reste difficile d’atteindre une précision inférieure à 5 à 20 mètres.
En 1810, la commune d’Heyrieux était divisée en 2264 parcelles, représentant une surface totale d’environ 1379 hectares. Cette surface n’inclut pas l’espace occupé par les chemins, dont la largeur indiquée sur les plans ne correspond pas toujours à la largeur réelle. Ces derniers mettent davantage l’accent sur la surface des îlots que sur les détails des voies.
 

Assemblage des feuilles du plan sur le fond de carte Google Sat©

Assemblage des feuilles du plan sur le fond de carte Google Sat©

Les résultats

La Toponymie
Les premières informations essentielles que l’on obtient à la lecture du registre, sont la dénomination des toponymes, ensuite l’association avec les plans géoréférencés permet de les situer exactement sur les plans actuels.
Ce sont donc 119 toponymes qui viennent enrichir la base de données de mon projet.
De la même manière  que dans les communes arpentées entre 1808 et 1809, le vocable « Mas » est mentionné sur certains toponymes.
 

Toponymie de la section A, dite de Rajas et de la Forêt d'Heyrieu

Toponymie de la section A, dite de Rajas et de la Forêt d'Heyrieu

Toponymie de la section B, dite du Plantier

Toponymie de la section B, dite du Plantier

Toponymie de la section C, dite " De sur la Ville" et L'Avignon

Toponymie de la section C, dite " De sur la Ville" et L'Avignon

Section D, dite de Césarge et Luyzet

Section D, dite de Césarge et Luyzet

Section E, dite de La Thuillière et du Fayet

Section E, dite de La Thuillière et du Fayet

Section F, dite du Mas et du Chapulay

Section F, dite du Mas et du Chapulay

L'occupation des Sols 

Pour la lisibilité des carte, il a été nécessaire, pour les types de cultures d’en limiter le nombre. De ce fait, il a été décidé de regrouper ces types de cultures en familles. Le tableau ci-dessus permet d’afficher les détails de ces familles pour la commune d’Heyrieux en 1810

Heyrieux en 1810, vu à travers le cadastre napoléonien
Représentation graphique de l'occupation des sols en 1810 à Heyrieux

Représentation graphique de l'occupation des sols en 1810 à Heyrieux

Analyse et commentaires du tableau et de la représentation graphique.
1.    Organisation générale :
        Le tableau présente une répartition détaillée des parcelles par type d’utilisation des sols pour un total            de 2264 parcelles couvrant une surface totale de 1319,4727 hectares. Les catégories principales sont les          bois, cultures, friches, herbages, hydrographie, jardins, plantations, sols, et vignes.
2.    Catégories dominantes :
       o    Cultures : Avec 986 parcelles représentant 880,7043 hectares, les terres labourables constituent la                   catégorie la plus importante, couvrant environ 66,7 % de la surface totale. Cela souligne                                   l’importance  de l’agriculture dans la région à cette époque.

        o    Bois : Les 189 parcelles de bois couvrent 244,7878 hectares, soit environ 18,5 % de la surface totale,                ce qui montre un rôle secondaire mais significatif des forêts et boisements.

        o    Vignes : Avec 221 parcelles sur 48,2147 hectares, les vignes représentent une petite proportion des                surfaces (environ 3,7 %), mais elles indiquent une activité viticole présente.
3.    Autres catégories notables :
         o    Friches : Elles comprennent des broussailles et des pâtures sur 119 parcelles (37,5822 hectares),                       représentant environ 2,8 % de la surface totale. Ces terres non exploitées pourraient refléter des                     zones en transition ou marginales pour l’agriculture.

         o    Herbages : Les 80 parcelles de prés couvrent 38,6763 hectares, soit environ 2,9 %, suggérant une                     activité d’élevage ou des terrains destinés à la fauche.

        o    Hydrographie : Les surfaces liées à l’eau (étangs et réservoirs) sont très limitées, avec seulement                      1,4374 hectare (moins de 0,1 %). constituées surtout de réservoirs et d'un étang.

       o    Jardins : Les 140 parcelles de jardins potagers couvrent une surface réduite de 6,8112 hectares, soit                 environ 0,5 %, montrant leur usage local et domestique.
4.    Catégories marginales :
      o    Plantations : Avec 125 parcelles couvrant 53,9145 hectares, elles incluent des prés-vergers, terrains                  plantés, treillages et vergers, ce qui témoigne d’une certaine diversité agricole et arboricole.

     o    Sols : Cette catégorie regroupe 389 parcelles sur 7,3443 hectares, comprenant notamment des cours,             des plaçages et un cimetière souvent liés aux infrastructures ou usages collectifs.

5.    Observations générales :
     o    La répartition met en évidence la prédominance des terres labourables, ce qui reflète une économie               principalement agricole.

      o    Les vignes, bien que minoritaires, témoignent d’une activité viticole significative.

      o    Les bois et friches suggèrent la présence de zones naturelles ou semi-naturelles importantes,                          probablement utiles pour l’exploitation forestière ou laissées en jachère.


Conclusion
Le tableau offre une vision précise et détaillée de l’utilisation des terres en 1810. La dominance des terres labourables et des bois reflète une économie rurale structurée autour de l’agriculture et des ressources naturelles, avec une diversification limitée mais existante (vignes, vergers). Ces données constituent une base solide pour une étude historique et géographique de la commune dans la première décade du XIXème siècle.

Distribution de l'occupation des sols dans les sections

Distribution des familles de cultures dans la section A, dite de Rajas et la Forêt d'Heyrieu

Distribution des familles de cultures dans la section A, dite de Rajas et la Forêt d'Heyrieu

Carte de l'occupation des sols dans la section A, dite de Rajas et la Forêt d'Heyrieu

Carte de l'occupation des sols dans la section A, dite de Rajas et la Forêt d'Heyrieu

Distribution des familles de cultures dans les toponymes de la section B, dite du Plantier

Distribution des familles de cultures dans les toponymes de la section B, dite du Plantier

Carte de la distribution des familles de cultures dans la section B, dite du Plantier

Carte de la distribution des familles de cultures dans la section B, dite du Plantier

Il est à noter que sur la section B, dite du Plantier, il n'existe aucune formes d'éléments laissant penser qu'il y a des sols artificialisés (sols, sols et cours, plaçages) et de bâtiments en élévation.

Distribution des familles de cultures à l'intérieur des toponymes de la section C, dite de "Sur la Ville d'Heyrieu" et L'Avignon

Distribution des familles de cultures à l'intérieur des toponymes de la section C, dite de "Sur la Ville d'Heyrieu" et L'Avignon

Carte de l'occupation des sols dans la section C, dite de "Sur la Ville d'Heyrieu" et L'Avignon

Carte de l'occupation des sols dans la section C, dite de "Sur la Ville d'Heyrieu" et L'Avignon

Distribution des familles de cultures à l'intérieur des toponymes de la section D, dite de Césarge et Luizet

Distribution des familles de cultures à l'intérieur des toponymes de la section D, dite de Césarge et Luizet

Carte de l'occupation des sols dans la section D, dite de Cézarge et Luizet

Carte de l'occupation des sols dans la section D, dite de Cézarge et Luizet

Distribution des familles de cultures à l'intérieur des toponymes de la section E, dite de La Thuillière et du Fayet

Distribution des familles de cultures à l'intérieur des toponymes de la section E, dite de La Thuillière et du Fayet

Carte de la distribution de l'occupation des sols dans la section E, dite de La Thuillière et du Fayet

Carte de la distribution de l'occupation des sols dans la section E, dite de La Thuillière et du Fayet

Distribution des familles de culture dans la section F, dite du Mas et du Chapulay

Distribution des familles de culture dans la section F, dite du Mas et du Chapulay

Carte de la distribution de l'occupation des sols dans la section F, dite du Mas et du Chapulay

Carte de la distribution de l'occupation des sols dans la section F, dite du Mas et du Chapulay

Distribution de l'occupation des sols dans la section G, dite du Bourg d'Heyrieu

Distribution de l'occupation des sols dans la section G, dite du Bourg d'Heyrieu

Carte de la distribution de l'occupation des sols dans la section G dite du Bourg d'Heyrieux

Carte de la distribution de l'occupation des sols dans la section G dite du Bourg d'Heyrieux

To be informed of the latest articles, subscribe: